Chronique d'une médaille de la résistance

Chronique d'une médaille de la Résistance

Ou Genèse de la Garde Prétorienne de la République. 

       Au moment symbolique de faire mes « adieux aux CRS », il m'est apparu utile de vous faire partager ce travail de mémoire dédié à notre fondateur, sorte de secret de famille oublié et à nouveau dévoilé. 

       De plus loin que je me souvienne, nos aînés n'évoquaient que Messieurs MIR et GROS comme seuls « créateurs des CRS », méconnaissant nos véritables origines.

       Les circonstances ont voulu que je me penche un temps sur notre véritable passé, aussi ai- je le plaisir de vous faire partager le fruit de mes investigations ou plus précisément le genre originel ayant donné naissance à notre Institution.

En comparant les clichés photographiques du Lt- Colonel GENTIEN premier Chef d'Etat Major des Compagnies Républicaines de Sécurité et celui du Colonel GENTIEN, Chef de Corps du 2^ième  Hussards en 1951/53, j'ai eu l'intuition qu'il s'agissait du même homme.

       Restait à le prouver formellement, le régiment du 2^ième Hussards ne possédant pas de curriculum vitae, ni même son prénom...

       Aussi, après l'exploration de pistes iques et celle du BCRA, ai- je imaginé de faire « parler » les médailles supposées de cet Officier.

       C'est finalement la Médaille de la Résistance qui leva le voile  sur une identité compatible. Détenant désormais une piste sérieuse, un prénom, une date et un lieu de naissance (Paris), il me fut possible après quelques appels téléphoniques d'entrer en contact avec le fils cadet (Louis) du Colonel Pierre GENTIEN  domicilié au Pays Basque. 

R.M.- Mars 2013 

CDTEF. MARTIN R.
DZ. CRS. SO/ Chargé de mission DC CRS.
33^ième Promotion - ESOP. NICE 1979. 

        Le Colonel Pierre GENTIEN – 1901 -1989 

       Issud'une famille de militaires, Pierre GENTIEN  né au  seuil du XXème siècle en Novembre 1901, embrasse naturellement la carrière des armes en intégrant la promotion dite « du souvenir » à Saint Cyr (1921- 23), puis ce sera Saumur. 

       Marié, il aura quatre enfants dont le dernier de la fratrie est encore en vie : Louis, né à la libération, dira de lui  qu'il était un homme taiseux...

       Pierre GENTIEN, rendu à la vie civile ne cultivera pas le souvenir glorieux de ses exploits passés, contrairement à beaucoup de ses frères d'armes.

       Lieutenant- Colonel (son frère cadet terminera Général) durant la seconde guerre mondiale, il vivra mal l'occupation par les allemands de sa patrie et la honte du régime de Vichy, au point de choisir le clandestinité et de rejoindre en 1943, via l'Espagne, Alger et le B.C.R.A (Général Henri GIRAUD). 

       Cette période d'humiliation doublement ressentie par ce militaire d'élite transformera, comme pour beaucoup d'autres, une carrière ique en destin révélant en lui le héros qui sommeillait tel le saphir dans sa gangue. 

       Ainsi, sous une fausse identité, il entrera en Résistance, malgré sa condition de militaire et ses responsabilités de chef de famille, ou sans doute à cause de cela... 

       La lecture du mémoire de proposition de «  la Médaille de la Résistance » (1946) résume bien la courageuse et efficace contribution du Lt Colonel GENTIEN à la préparation du débarquement des alliés, soulignant son audace maîtrisée au profit des « services secrets » du renseignement des Alliés.
       Parce qu'il avait côtoyé le danger, vu mourir ses compagnons d'infortune, et fait par avance le don ultime de sa vie, Pierre GENTIEN connaissait le prix d'une existence et la vanité de l'homme, ses peurs et parfois sa capacité de dépassement sacrificiel. Le Colonel GENTIEN aura l'élégance, apanage des hommes d'honneur, de ne jamais, même au sein du cercle familial , évoquer son engagement suprême et sa carrière si mal récompensée. 

       C'est un homme de fer, si singulier, survivant des dangers de la clandestinité qui fut désigné à l'été 44 pour préparer ladissolution des G.M.R. et la (re)fondation d'un corps équivalent dans ses structures : Les Compagnies Républicaines de Sécurité. 

       De part son exceptionnelle capacité d'organisation, ses réseaux, sa force de caractère alliée à sa parfaite connaissance de l'état réel de la France au sortir de cinq années d'occupation et de privations, Pierre GENTIEN a su si bien fonder, structurer, organiser et légitimer un nouveau corps de police républicain dont la modernité et l'utilité ont légitimé l'existence. (de 1944 à  Février 1947). 

       La création et la capacité d 'adaptation des C.R.S. rendues nécessaires par les besoins urgents en matière d'Ordre Public et de protection des populationssaignées à blanc contribueront  à pérenniser notre corps et lui permettront sans nul doute, d'aborder les rives de son 70^ème anniversaire le 8 décembre 2014. 

       Relevé à sa demande de son commandement en février 1947, contrat rempli, pour rejoindre son ministère d'origine, il sera remplacé par un autre héro issu lui aussi de la Résistance : Le Commissaire Divisionnaire Joseph PUYBARAUD.

       Joseph PUYBARAUD, juste parmi les justes, fin connaisseur de l'institution policière succéda naturellement au fondateur des C.R.S. 

       Le Colonel GENTIEN reprit le fil de sa carrière, discrètement dans les services du renseignement, achevant celle-ci en qualité de chef de corps du 2^ème Hussards. (1951/53).

       Soyons dignes de la mémoire de cet homme et de notreDevise : SERVIR ! la France...            

                                   CDT e.f.  MARTIN Roderic- 2013. 

P.S. Désolé pour la légende des marins.

       Les C.R.S. : Des Policiers Républicains sans Défaites.