BULLETIN 42/2
MINISTERE DE L’INTERIEUR
Décret n°52- 1153 du 15 Octobre 1952 fixant l’attribution
d’un drapeau aux compagnies républicaines de sécurité.
Le président du conseil des ministres,
Su le rapport du ministre de l’intérieur,
Vu l’ordonnance 45- 337 du 7 mars 1945 portant création
des compagnies républicaines de sécurité ;
Vu le décret n° 46- 1005 du 11 mai 1946 portant organisation
des services extérieurs de police ;
Vu la loi n°47-2384 du 27 décembre 1947 portant réorganisa-
tion des compagnies républicaines de sécurité ;
Vu le décret n° 48- 605 du 26 mars 1948 portant réorganisation
des compagnies républicaines de sécurité,
Décrète
Art 1er - Un drapeau est attribué aux compagnies républi-
caines de sécurité.
Art 2 – Le drapeau des compagnies républicaines de sécurité
est constitué :
Par un carré de soie de 90 cm de côté, bordé de franges d’or
de 5 cm de long et composé de trois bandes verticales égales,
aux couleurs nationales, bleu, blanc et rouge, disposées comme
il est prévu par la Constitution ;
La hampe en deux parties de couleur bleue a 2.10 mètres de
hauteur ;
La pique en bronze doré de 21 cm porte, sur une face de sa
base, les lettres majuscules R.F. et sur l’autre, les initiales
C.R.S. ;
La cravate de 0.40 mètre x 0.15 mètre, est en soie tricolore,
avec franges d’or de 5 cm, sans coque deux pans ;
Sur l’avers de l’emblème et dans la disposition ci-contre,
sont peints en lettres d’or à la feuille sur enduit spécial, les
mots écrits en lettres capitales de 48 mm :
REPUBLIQUE FRANÇAISE (sur deux lignes)
Compagnies républicaines de sécurité.
L’intervalle entre le bord supérieur du drapeau et le mot
« République » doit être de 30 cm. L’intervalle entre le mot
« République » et « française » de 5 cm.
Sur l’envers est inscrit, de même façon, la devise :
SERVIR
Aux quatre angles de chaque face est peint en or à la feuille,
sur enduit spécial, dans une couronne de feuilles chêne et lau-
rier, un flambeau de 10 cm de hauteur, insigne des C.R.S.
Les couronnes sont orientées deux à deux, côté bas gauche,
côté haut droit et côté bas droit, côté haut gauche.
Un attribut semblable, de 8 cm de hauteur, est brodé dans
une couronne de feuilles de chêne et de laurier, aux deux
extrémités de la cravate.
Fac- similé JO du 17/10/1952, texte 9853.
La translation du drapeau des Compagnies Républicaines de Sécurité constitue chaque année un temps fort. L’attribution d’un drapeau aux compagnies républicaines de sécurité au- delà du symbole a marqué il y a 61 ans l’existence de nos formations.
Pour rappel : Le Président de la République était Monsieur Vincent AURIOL.
Le Président du Conseil était Monsieur Antoine PINAY.
Le Ministre de l’Intérieur Monsieur Charles BRUNE.
Le Chef d’Etat Major des Compagnies Républicaines de Sécurité : Monsieur Lucien GAUTHIER.
Le Gouvernement d’Antoine PINAY dura 290 jours (du 08 mars 1952 au 23 Décembre 1952).
Repas du Vendredi 13 Septembre 2013 à Monteux
Il était programmé pour le vendredi 13 Septembre 2013 et il a bien eu lieu « pour la Saint Aimé »… au domaine de Beauregard à Monteux – magnifique cadre champêtre - mis à notre disposition par Jacky PERRIN que nous avons et aurons encore à remercier. La météo était clémente. Un peu de vent avait éloigné notre cher Aimé BASIN et son épouse sur IBIZA. Nous voulions « lui faire sa fête ». Autres absents : Jean- Claude COCART et son épouse en villégiature au Pays Basque, Michel CLERGEAUD et sa compagne entre vendanges en Espagne et pêche à la Rochelle. D’autres adhérents, pour diverses raisons, n’ont pas pu se joindre au groupe. Convalescent après une hospitalisation, Henri GARRIGOS (88 ans) doyen de l’AVAC et son épouse Maguy étaient bien sûr présents dans nos pensées.
Nous étions nombreux à midi, sous les platanes, réunis au bar- accueil, ambiance caraïbe pour y déguster les accra « ti piment » de Mireille GAULUET -DUFFÈS ( il y en avait pour une Compagnie) avec un planteur tradition de Jean- Marie OUALLET. La surprise « Tex- Mex » de Dédé et ses clichés… les traditionnelles énergisantes et amuse- bouches plutôt délaissés. Merci pour ton aide Eric WATREMEZ car nous avions déjà un assoiffé venu du lointain pays de Barbentane !!! Georges ALLAIS avait déposé deux brouettes de ceps de vignes. Cette délicate attention a été très appréciée.
La salle, dressée dès onze heures, était prête à accueillir les 42 convives dont Monsieur Joël LEBESCHU, ancien Préfet de Vaucluse de 1993 à 1997. Notre Président eut l’opportunité, je dirai la sagacité de lui rafraîchir la mémoire sur quelques années régimentaires et il eut l’opportunité de réunir téléphoniquement deux anciens conscrits qui s’étaient perdus de vue.
La présence indéfectible de nos anciens, René ALBERCA (87 ans) et Jean BONNET (80 ans), sans oublier Madame Carmela SEVILLA et sa fille, les bienvenus Henri CHARAY, Serge DAVIGNON, Patrick LAPORTE, COLESAN Brother… qui apporteront une nouvelle énergie. Ceux parmi les fidèles participants qui ne sont pas cités se reconnaîtront.
Autour du grill, s’affairaient Jacques LUBIN, notre Trésorier et porte- drapeau, Dédé ARNOUX, sous l’œil vigilant du Colonel veillant à la cuisson des saucisses et côtes d’agneau. Alain CROSNIER, notre Vice- Président /Secrétaire drapé dans un tablier digne des meilleures toques en compagnie de Jean- Pierre CASTIGLIONI s’occupait de servir les entrées : jambon - melon cru et plat de charcuteries.
Une délicieuse ratatouille concoctée dans la plus pure tradition par Monique LUBIN épouse de notre Trésorier était servie avec les viandes cuites à point. Les palais affinés en ont jugé et redemandé. Ceci accompagné de vin de crus de Lirac et Saint Laurent des Arbres. Clôturé par une très bonne tarte aux pommes, du raisin Muscat, café et petit chocolat Côte d’Or mignonnettes. Ce final a permis de s’épancher encore sur le passé et de se projeter vers l’avenir, dans la perspective de nouvelles rencontres.
Avec une légère anticipation d’un jour, nous avons souhaité un joyeux anniversaire à notre Président Jacques SAISON pour ses 73 printemps et l’anniversaire de mariage d’Isabelle et Alain CROSNIER. Tout fut comme d’habitude, nettoyé, rangé, plié. Merci Mesdames pour votre active participation. Quitus donné, nous nous séparâmes sans sommations, petits groupes par petits groupes laissant aux quelques irréductibles le soin d’analyser ce qui fut, ce qui sera « dis moi… tu te souviens quand »… Merci à tous pour votre participation, votre aide. Bref, un grand moment de partage.
A très bientôt. Jean- Marie OUALLET
INTERVENTION DE LA CRS N° 60
AU CONSEIL D’ÉTAT
Le 20 Janvier 1997, la CRS N° 60 faisait mouvement vers PARIS, afin d’effectuer une mission de sécurisation.
Le Jeudi 23 Janvier 1997, l’Unité sous les ordres du Commandant Jean- Pierre SAINVET, Commandant de la CRS N° 60 est dirigée en fin de matinée par la station directrice Lutèce 32 vers le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française. Des manifestants occupent la cour du Palais Royal.
Nous apprenons rapidement que les manifestants sont des infirmiers du secteur psychiatrique qui se sont rassemblés sous l’égide d’une coordination de mobilisation en psychiatrie (CNMP) afin obtenir l’équivalence DE/PSY. La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) quant à elle était opposée à l’époque à toute équivalence. Le Conseil d’Etat avait donné raison à cette dernière ainsi que la Cour Européenne de Justice.
Le Vice- Président du Conseil d’Etat, Monsieur Renaud DENOIX de SAINT MARC signera la réquisition suivante qu’il donnera en main propre au Commandant Jean- Pierre SAINVET
« Je soussigné, Monsieur DENOIX de SAINT MARC, Vice- Président du Conseil d’Etat, requiert les forces de l’ordre pour faire évacuer la Cour du Palais Royal occupée par les manifestants.
PARIS, le 23 Janvier 1997 à 12H35 »
Une cinquantaine de manifestants se trouvaient à l’intérieur de la cour du Palais Royal. Certains étaient assis, d’autres avaient préparé quelques cartons et de petits tas de bois en vue d’y mettre le feu, enfin une chaîne cadenassée menaçait de fermer le lourd portail de cette institution.
Le parc automobile de la CRS N° 60 stationna rue du Colonel DRIANT dans le 1er Arrondissement de PARIS à proximité de la Banque de France, située à l’arrière du Conseil d’Etat. La première section de protection et d’intervention (SPI) avait préparé tout ses équipements : moyens lacrymogènes, disqueuse thermique, bélier, échelle, grappins etc… afin d’optimiser notre action.
Dès la signature de la réquisition par le Vice- Président du Conseil d’Etat, l’Unité pénétra par l’arrière du bâtiment. Le Commandant d’Unité en compagnie de l’Officier SPI de la 1ère Section et de plusieurs gradés monta rapidement et discrètement au premier étage du bâtiment dans un premier temps ce qui permettait d’avoir une vision globale de la situation à traiter.
Le Commandant Jean- Pierre SAINVET après avoir fixé les objectifs donna la top départ de cette opération. Le service de sécurité intérieur du Conseil d’Etat réduira à nos côtés les deux petits feu qui avaient été allumés par les manifestants à l’aide d’extincteurs à poudre, ce qui ajoutera un effet de surprise concomitant à notre intervention.
Le refoulement et la dispersion des manifestants qui avaient pris possession de la cour du Palais Royal sera réalisé très rapidement. Plusieurs interpellations seront effectuées. Parmi les manifestants, certains infirmiers psychiatriques venaient… du Centre Hospitalier Spécialisé de Montfavet.
Le Directeur de la Sécurité Publique de la Préfecture de Police de PARIS, Pierre OTTAVI, était sur place. Il donna des instructions pour libérer immédiatement les manifestants qui avaient été interpellés. Nous connaissions tous ce grand flic originaire de BASTIA et son parcours exceptionnel. Il avait été par le passé Directeur Départemental des Polices Urbaines des Bouches du Rhône, Commissaire central de MARSEILLE. Il sera admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 01er Janvier 1999.
Cette intervention qui a été menée avec succès sera sanctionnée par une lettre de félicitations adressée au Commandant d’Unité par le Chef de la Délégation des CRS – PARIS- ILE DE France, le Commissaire Principal de Police Jean- Louis GRAND ( futur Chef du groupement des CRS N° IX – MARSEILLE à l’époque avant qu’elle ne prenne l’appellation de Direction Zonale des CRS Sud dont voici la teneur : « Au cours de votre récente période d’emploi à PARIS -période du 21/01/1997 au 12/02/1997- mon attention a été appelée par l’engagement et le bon état d’esprit de votre Unité. En matière de rétablissement de l’ordre public, deux situations originales ont été relevées durant ce séjour.
- intervention pour évacuer le Conseil d’Etat le 23/01/1997.
- ……………………………………………………………
Dans chaque cas, le diagnostic et la bonne mesure des moyens engagés ont conduit à la réussite des opérations.
Je vous demanderai de bien vouloir vous faire mon interprète auprès des fonctionnaires de votre unité en leur adressant l’expression de ma satisfaction et celle des différentes autorités d’emploi.
Pour rappel:
Le Conseil d’Etat a une double fonction :
- Conseil juridique du Gouvernement.
- Juge suprême des litiges entre les particuliers et les autorités publiques.
Traditionnellement, le Vice- président du Conseil d’Etat se trouve placé dans l’ordre protocolaire au premier rang des autorités civiles et militaires de l’Etat après les membres du gouvernement, les Présidents des Assemblées parlementaires et le Président du Conseil Constitutionnel.
Monsieur Renaud DENOIX de SAINT MARC a été Vice- Président du Conseil d’Etat de 1995 à 2006. Il fut Secrétaire Général du Gouvernement de 1986 à 1995.
Il a été nommé le 22 Février 2007 par Monsieur le Président du Sénat au Conseil Constitutionnel. Il a prêté serment le 05 Mars 2007 devant le Président de la République.
La Présidence du Conseil d’Etat est confiée au Vice- Président. Cette appellation est le lointain souvenir de l’époque où le Conseil d’Etat était présidé par le Chef de l’Etat ou par une autorité politique.
Depuis le 03 octobre 2006, Monsieur Jean- Marc SAUVÉ assure la présidence du Conseil d’Etat, après avoir été Secrétaire général du gouvernement de 1995 à 2006.
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Comment de ne pas évoquer le souvenir de son oncle Hélie DENOIX de SAINT MARC.
L’ancien Officier est décédé le lundi 26 Août 2013 dans sa résidence drômoise de LA GARDE ADHÉMAR. Il était né le 11 Février 1922 à BORDEAUX. Il avait 91 ans. Ses obsèques se sont déroulées le Vendredi 30 Août 2013 à la primatiale Saint Jean de LYON où près de trois mille personnes se sont rassemblées pour l’accompagner dans son dernier voyage. La messe a été célébrée par le Cardinal Philippe BARBARIN, primat des Gaules. Le Général d’Armée (2S) Bruno DARY, ancien Gouverneur Militaire de PARIS, Président de l’Association des Anciens Légionnaires parachutistes a prononcé l’éloge funèbre.
Hélie DENOIX DE SAINT MARC a été inhumé à LA GARDE ADHÉMAR.
C’est une part d’histoire qui disparaît. Tour à tour résistant, déporté à BUCHENWALD, en 1943, Officier dans la Légion Etrangère en Indochine et en Algérie. Putschiste en Avril 1961 en Algérie puis prisonnier à TULLE pendant cinq années. Après avoir été gracié il avait été réhabilité en 2003.
Hélie DENOIX de SAINT MARC qui a une époque troublée avait été déchu de ses décorations avait été fait Grand Croix de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction que la République puisse conférer, par le Président de la République Nicolas SARKOZY le 28 Novembre 2011 dans la cour de l’Hôtel National des Invalides.
Hélie DENOIX DE SAINT MARC écrivain avait également donné à de nombreuses conférences.
Une de ses filles a lu un de ses textes à l’occasion de ses obsèques. Quelques vertus…
QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS
Quand tu as connu tout et le contraire de tout,
quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,
on est tenté de ne rien lui dire,
sachant qu’à chaque génération suffit sa peine,
sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
font partie de la noblesse de l’existence.
Pourtant, je ne veux pas me dérober,
et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :
« Il ne faut pas s’installer dans sa vérité
et vouloir l’asséner comme une certitude,
mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère ».
A mon jeune interlocuteur,
Je dirai donc que nous vivons une période difficile
où les bases de ce qu’on appelait la Morale
et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique,
sont remises constamment en cause,
en particulier dans les domaines du don de la vie,
de la manipulation de la vie,
de l’interruption de la vie.
Dans ces domaines,
de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
Oui, nous vivons une période difficile
où l’individualisme systématique,
le profit à n’importe quel prix, le matérialisme,
l’emportent sur les forces de l’esprit.
Oui, nous vivons une période difficile
où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
tend à être occultée.
Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
Il faut savoir,
jusqu’au dernier jour,
jusqu’à la dernière heure,
rouler son propre rocher.
La vie est un combat
le métier d’homme est un rude métier.
Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.
Il faut savoir
que rien n’est sûr,
que rien n’est facile,
que rien n’est donné
que rien n’est gratuit.
Tout se conquiert, tout se mérite.
Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.
Je dirai à mon jeune interlocuteur
que pour ma très modeste part,
je crois que la vie est un don de Dieu
et qu’il faut savoir découvrir au- delà de ce qui apparaît
comme l’absurdité du monde,
une signification à notre existence.
Je lui dirai
qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
cette générosité,
cette noblesse,
cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
qu’il faut savoir découvrir ces étoiles
qui nous guident où nous sommes plongés
au plus profond de la nuit
et le tremblement sacré des choses invisibles.
Je lui dirai
que tout homme est une exception
qu’il a sa propre dignité
et qu’il faut savoir respecter cette dignité.
Je lui dirai qu’envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir.
Enfin, je lui dirai,que de toutes les vertus,
la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres,
et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres,
de toutes les vertus,
la plus importante me paraît être le courage, les courages,
et surtout celui dont on ne parle pas
et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.
Et pratiquer ce courage, ces courages,
C’est peut- être cela
« L’Honneur de Vivre »
dolescents d’aujourd’hui ont peur d’employer des mots comme la fidélité, l’honneur, l’idéal ou le courage. Sans doute ont- ils l’impression que l’on joue avec ces valeurs - et que l’on joue avec eux. Ils savent que leurs aînés se sont abîmés les ailes. Je voudrais leur expliquer comment les valeurs de l’engagement ont été la clef de voûte de mon existence, comment je me suis brûlé à elles, et comment elles m’ont porté. Il serait criminel de dérouler devant eux un tapis rouge et de leur faire croire qu’il est facile d’agir. La noblesse du destin humain, c’est aussi l’inquiétude, l’interrogation, les choix douloureux qui ne font ni vainqueur ni vaincu.
Que dire à un cadet ? Peut- être, avec pudeur, lui glisser dans la paume de la main deux ou trois conseils : mettre en accord ses actes et ses convictions ; pouvoir se regarder dans la glace sans avoir à rougir de lui- même ; ne pas tricher, sans doute le plus difficile, pratiquer et tâcher de concilier le courage et la générosité ; rester un homme libre.
J’ai toujours essayé de récupérer les débris de mon existence pour faire tenir debout mon être intérieur. Même en prison et réprouvé, j’ai cherché à être heureux.
Un ami m’a dit un jour : « tu as fait de mauvais choix, puisque tu as échoué » Je connais des réussites qui me font vomir. J’ai échoué, mais l’homme au fond de moi a été vivifié.
Je tiens le courage en haute estime car il me semble contenir toutes les autres vertus.
Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses… Pour ma part, j’avance au milieu d’incertitudes. J’ai vécu trop d’épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes.
Ai- je toujours été fidèle ? Ai- je toujours agi selon l’honneur ? J’ai essayé sans jamais y parvenir entièrement, d’être digne des autres et de la vie. Je ne connais pas de vérité tranquille. Je veux ajouter de la vie aux années qui me restent, témoigner de tout ce qui dure, retrouver la vérité de l’enfant que j’ai été. Simplement essayer d’être un homme.
Les arènes Toute une vie Editions
Hélie DENOIX de SAINT MARC.